lundi 26 septembre 2011

Foi et Shakti (Article en plusieurs parties - partie n°2)

L'ennemi de la foi est le doute, et pourtant le doute aussi est utile et nécessaire, parce que, dans son ignorance et son labeur progressif vers la Connaissance, l'homme a besoin d'être visité par le doute, sinon il resterait obstinément enfermé dans une croyance ignorante ou une connaissance limitée et il serait incapable d'échapper à ses erreurs.

L'utilité et la nécessité du doute ne disparaissent pas tout à fait quand nous entrons sur la voie du yoga. Le yoga intégral ne vise pas simplement à la Connaissance de quelque principe fondamental mais à une compréhension, à une gnose qui s'applique à toute la vie, à toute l'action du monde et l'embrasse tout entière. Or, dans cette recherche de la Connaissance, nous nous mettons en route et sommes accompagnés pendant des kilomètres par les activités non régénérées du mental, jusqu'à ce que celles-ci soient purifiées et transformées par une lumière plus grande. Nous emportons avec nous quantité de croyances intellectuelles et d'idées qui sont fort loin d'être toutes correctes ni parfaites, puis une troupe d'idées nouvelles et de suggestions viennent à notre rencontre pour nous demander créance. Or, il serait fatal de s'en emparer et de s'y accrocher pour toujours sous la forme qu'elles revêtent, sans nous soucier des erreurs, des limitations ou des imperfections qu'elles peuvent recéler.

En vérité, à un certain stade du yoga, il devient indispensable de refuser d'accepter comme définitive et ultime toute idée intellectuelle ou opinion de forme intellectuelle, et de la garder en suspens, interrogativement, jusqu'à ce qu'elle trouve sa place exacte et sa forme de vérité lumineuse dans une expérience spirituelle illuminée par la Connaissance Supramentale.

Il en va de même, et plus encore, quand il s'agit des désirs ou des impulsions mentales-vitales que nous sommes souvent obligés d'accepter provisoirement comme l'indication immédiate d'une action temporairement nécessaire, jusqu'à ce que nous puissions recevoir la direction complète. Mais nous ne devons pas nous y attacher pour toujours avec le total consentement de l'âme, car, finalement, tous ces désirs et toutes ces impulsions doivent être rejetés, ou transformés et remplacés par les impulsions de la volonté divine qui prendra en main les mouvements de notre vie.

La foi du coeur, les croyances émotives et leur assentiment sont nécessaires aussi sur le chemin, mais ils ne sont pas toujours des guides très sûrs tant que, eux aussi, n'ont pas été pris en main, purifiés, transformés, et finalement remplacés par l'assentiment lumineux d'un Ananda divin qui ne fait qu'un avec la Volonté et avec la Connaissance divines.

Il n'est rien dans la nature inférieure, de la raison jusqu'à la volonté vitale, à quoi le chercheur du yoga puisse accorder une foi totale et permanente, sauf, tout au bout, à la Vérité, au Pouvoir et à l'Ananda spirituels qui, en la raison spirituelle, deviennent ses seuls guides, ses luminaires et les maîtres de son action.

Un extrait de la Synthèse des Yogas - Volume 3 : le Yoga de la Perfection de soi