dimanche 4 février 2018

Le labeur d'un dieu

















J'ai ramassé mes rêves dans un air argenté
Entre l’or et le bleu
Et les ai enveloppés là doucement et laissés là,
Mes rêves précieux de vous.

J’avais espéré bâtir un pont d’arc-en-ciel
Pour marier le sol au ciel
Et semer dans cette minuscule planète dansante
L’atmosphère de l’infinitude.

Mais nos cieux étaient trop brillants, trop lointains,
Trop frêle leur substance éthérée,
Trop splendide et soudaine notre lumière ne pouvait pas rester ;
Les racines n’étaient pas assez profondes.

Celui qui voudrait apporter ici les cieux
Doit descendre lui-même dans l’argile
Et porter le fardeau de la nature terrestre
Et fouler le chemin douloureux.

Forçant ma divinité je suis descendu
Ici sur cette terre sordide,
Ignorante, laborieuse, produit de l’humain
Entre les portes de la mort et de la naissance.

J’ai creusé profond et longtemps
Dans une horreur de fange et de boue
Un lit pour le chant de la rivière d’or
Une demeure pour le feu qui ne meurt pas.

Poème de Sri Aurobindo (première partie). Le texte original est en anglais : A GOD’LABOUR. La première traduction en français paraît aux Editions Sri Aurobindo Ashram, Pondichéry, en 1972. Puis Satprem en effectue une traduction pour les Editions Institut de Recherches Evolutives basées à Paris, en 2004. Le texte qui précède comporte quelques modifications par rapport aux deux traductions précédemment citées, modifications effectuées par l'auteur de ce blog, Mudita.

Illustration : Pierre Soulages, Peinture 1959